Partir vivre en van en 2022 en tant que photographe.

Nos chats ont un jardin infini ! Quelque part dans le Médoc.

Le 25 septembre 2022, c’est terrorisé que je finalisais la préparation de mes affaires à ranger dans Nüt, notre camping car vintage de 1993, dans lequel nous avions décidé de partir vivre à l’année. La décision n’a pas été prise sur un coup de tête, l’idée germait dans nos têtes depuis environ un an. 

Sarah était professeure des écoles et moi photographe et community manager freelance depuis 2019. Nous allions enfin adapter nos métiers à nos vies et pas l’inverse. Bien-sûr, je n’arrête pas mon entreprise, JAMAIS ! Je vais simplement devoir la réinventer : je reste photographe et je vais devoir trouver des clients sur la route, un joli challenge !

Le processus est lancé, dès le mois de mai, nous commençons à mettre en place des to do lists : ce que nous devons trier, donner, vendre, garder pour la vie en van. L’excitation d’une nouvelle perspective de vie est absolument incroyable. Moi, Alex, grand control freak, je vais vivre dans 5m2 à l’année avec ma chérie et nos deux chats, à travers la France et l’Europe. Aussi fou que cela puisse paraître, c’est un défi que je me lance après 3 ans à Lyon qui m’ont renfermé sur moi-même. La covid m’a rendu peureux et de petites choses qui me semblaient si simples auparavant deviennent une sortie de ma zone de confort ; je commençais à devenir quelqu’un que je ne voulais pas être. La perspective de me réveiller dans 10 ans au même endroit, avec le sentiment de n’avoir pas bougé et changé me terrifiait. 

Sarah voit sa disponibilité acceptée, c’est bon, nous pourrons partir ! Je suis aussi excité qu’apeuré : je n’ai plus aucune excuse pour ne pas partir, je vais devoir calmer mon cerveau et aller contre ce réflexe humain qui consiste à trouver des excuses à tout, pour ne pas faire ce qui nous effraie. J’en suis aujourd’hui persuadé, ce qui m’effraie est ce que je dois faire, sinon je n’évoluerai jamais.

Dès le 10 juillet, une fois l’état des lieux de notre appartement réalisé, les clés rendues, nous grimpons dans notre van avec nos deux félins, et nous quittons la région lyonnaise pour aller dans le Vercors, aux côtés de nos proches, pour passer l’été. Ces deux mois et demi là-bas nous permettront d’organiser le van, d’y faire des travaux, d’y installer des panneaux solaires. Professionnellement, l’été est pour moi une saison importante : entre les mariages et les contrats photos divers, je ne peux pas me permettre d’être trop loin ! Pour Sarah, c’est l’occasion de réfléchir à son avenir. L’idée pour elle (et je suis d’accord), c’est de ne plus remettre les pieds dans son ancien métier, et donc de lancer, elle aussi, son propre business, pour que nous puissions continuer à jouir d’un mode de vie qui nous convienne réellement. 

Installation d’un panneau solaire pour charger notre Ecoflow, la centrale électrique de NÜT !

Nous passons donc plus de deux mois à travailler, à organiser notre future vie, à trier (encore et encore) nos affaires, pour ne partir qu’avec l’essentiel. C’est à ce moment-là que nous réalisons que, malgré notre mode de vie assez minimaliste, nous possédons une quantité infinie de petites choses. L’été passe, je termine le dernier mariage mi-septembre, et ça y est...

C’est le jour du départ. Comme je le disais, j’étais terrorisé. J’ai pris une vidéo à ce moment-là, que je montrerai peut-être un jour. Je suis là, au milieu du chalet de mon beau-père, à ramasser les dernières affaires, nettoyer le sol plein de litière, et je me demande ce que je suis en train de faire. Ma tête se transforme en une séance de brainstorming, cherchant chaque excuse me permettant de décaler le départ. Et pourtant, je sais que c’est le bon choix, je le veux et je le ferai. 

Siège réglé, chats en sécurité, plein fait, ceinture attachée, nous démarrons Nut et observons le kilométrage : 122 250km. Une idée du kilométrage de fin, d'ici à quelques années ? Qui sait ce que l’avenir nous réserve. 

L’excitation était absolument incroyable : nous sommes partis avec tout ce que nous possédons, comme une petite tortue. Pendant des jours j’ai eu l’impression d’avoir oublié quelque chose, avant de réaliser une bonne fois pour toutes que nous n’avions plus d’autre logement : tout est là, derrière nous, bien rangé. Nous nous habituons rapidement à la routine de la vie en van : trouver de l’eau, ne pas la gaspiller, charger nos batteries, de préférence grâce à nos deux panneaux solaires, acheter de quoi manger, laver le linge etc.. Tout cela, personne ne le montre, mais sachez que nous appelons cela la « journée reset », et en effet, cela prend réellement une journée COMPLÈTE!

Nous découvrons une France que nous ne connaissions pas, nous passons par Chamonix, Annecy, le Semnoz, puis par l’Ardèche, le Velay. Les jours s’enchainent et ne se ressemblent que très peu. La seule constante est : trouver un endroit où dormir. Notre jardin s’agrandît, les possibilités aussi. Nous comprenons que notre mode de vie sédentaire a eu un impact énorme sur nous, et vivre en van nous prouve que plus rien ne nous oblige à vivre à notre ancien rythme. À part des impératifs professionnels, nous pouvons aller là où nous voulons, quand nous le voulons. N’est-ce pas le plus grand luxe ? Le temps. 

Nous arrivons vers Toulouse où nous rejoignons un ami pour la première fois de notre trajet, et puis d’autres dans les Pyrénées, et encore d’autres sur la côte basque, puis à La Rochelle et en Bretagne : nous n’avons jamais autant vu nos proches que durant ces deux derniers mois. Les moments que nous pouvons partager avec eux sont précieux et inédits : mêler notre nouvelle vie avec nos amis est une chance magnifique.

Nous découvrons ensuite la Normandie, et pour moi, c’est un coup de cœur. Nous passons plusieurs jours à visiter les lieux historiques liés à la guerre, et nous ressentons le poids de l’Histoire à chaque endroit où nous posons les pieds. C’est une expérience hors du temps, où l’on se sent plongés 70 ans en arrière, et où nous ne pouvons qu’imaginer les horreurs que ce sol a connues. C’est le cœur lourd que nous quittons cette région, direction l’Alsace pour une visite plus joyeuse : le marché de Noël de Strasbourg. Pierre, mon beau-frère, vient nous rejoindre pour découvrir avec nous ce lieu magique. 

De mon côté, je me surprends à me laisser avoir par l’inattendu, et me voilà dans un train direction Paris pour une journée. Pourquoi ? Pour rencontrer Alex Strohl, un photographe qui m’inspire depuis mes débuts, autant professionnellement que personnellement. Je me retrouve donc loin de mon van, de ma chérie et de nos chats pour la première fois depuis 2 mois et demi. Ce fut un grand moment pour moi : après une séance questions réponses avec Alex et Isaac Jonhston, je me retrouve à manger avec eux, à échanger et à rire avec ces personnes que j’admire. Vous savez quoi ? Je n’aurais jamais eu le courage de faire ça quelques mois auparavant, quand nous étions encore à Lyon. Vivre en van m’a permis de sortir de ma zone de confort et d’ouvrir mon champ des possibles, et cela paye ! 



Les températures commencent à descendre, les bouteilles de gaz se vident de plus en plus vite, à un tel point qu’un matin, dans un petit village au-dessus du Jura : nous nous réveillons dans un grand froid. Il fait 2 degrés dans Nut, le chauffage ne s’allume plus, car nous sommes à sec : plus un brin de gaz. Le pare-brise est glacé, les chats jouent pour se réchauffer, j’essaie de faire de même, mais cela ne fonctionne pas. Nous décidons donc à 7 h 30 de rouler au plus vite vers le fournisseur de gaz le plus proche. Nous démarrons avec peu de visibilité, le chauffage du moteur met du temps avant de fonctionner, nous sommes sous nos plaids et essayons de rester au chaud le plus possible. Enfin, je peux acheter une nouvelle bouteille : dehors, température négative. Je ne retrouve plus mes gants, et je me retrouve à installer la nouvelle bouteille de gaz à mains nues. Tout est gelé et je ne pensais pas que cela rendrait les choses aussi douloureuses.  C’est en héros que je rentre dans le van, le sentiment du devoir de chauffage accompli. Jamais la chaleur n’aura été aussi agréable ! 

C’est déjà la fin de la première partie de notre voyage : le Tour de France. Nous retournons en Ardèche pour aller voir mes proches, puis nous roulons direction la Drôme pour retrouver nos proches, histoire de profiter de Noel avec eux, et d’échapper au froid qui était de plus en plus présent. 5016 km plus tard, vous n’imaginez pas comme nos corps se sont relâchés le premier soir où nous avons retrouvé un lit « normal ». J’étais complètement épuisé, et je réalisais le luxe dans lequel j’avais toujours vécu : l’eau chaude « illimitée », internet facilement accessible, le chauffage qui ne tombe pas en panne, et enfin, le lave-vaisselle !!

Nous repartons mi-janvier direction l’Espagne et le Portugal, et ce jusqu’au mois de mai : qui sait ce que l’avenir nous réserve ?

Si tu veux être tenu au courant de la suite, tu peux t’abonner à ma newsletter et me suivre sur les réseaux sociaux : 

www.instagram.com/alextarinpictures 

À très vite

Alex

Précédent
Précédent

Apprendre une autre manière de vivre : pour ou contre la vie nomade ?

Suivant
Suivant

Mes essentiels de photographe freelance